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Facade opéra garnier
Opéra Garnier - Facade montrant les 4 hauts reliefs réalisés par Maillet.

Haut relief opéra Garnier
Haut-relief de JL Maillet (vers 1867) réalisé en pierres de Chauvigny, médaillon circulaire en porphyre rouge de Finlande. le premier groupe à gauche est signé JL MAILLET sur le socle, signature que l’on peut apercevoir depuis la place de l’opéra.

JL Maillet travaillant sur la facade de l’opéra Garnier
JL Maillet et un groupe de sculpteurs posant devant l’Attique de l’opéra avant le dévoilement de la facade principale (photo Delmaet et Durandelle - 1867)

L’opéra Garnier

Sa construction fut décidée par Napoléon III dans le cadre des grands travaux de rénovation de la capitale menés à bien sur son ordre par le baron Haussmann. Le 29 décembre 1860, un concours est organisé pour la construction de ce qui deviendra le nouveau lieu culturel de la grande société parisienne. C’est le projet de l’architecte Charles Garnier (1825-1898), âgé de 35 ans et alors inconnu, qui en 1861 remporte l’épreuve devant 171 candidats dont le célèbre Viollet-le-Duc pourtant protégé de l’impératrice. Son édification s’étale de 1860 à 1875 et est interrompue par de nombreux incidents, notamment la guerre avec la Prusse, la chute du Second Empire et la Commune. Mais les travaux ont dû aussi être stoppés par la rencontre d’une nappe phréatique sous l’emplacement, ce qui a obligé à la construction d’une grande cuve en béton remplie d’eau qui soutient la scène afin de résister à la pression des eaux d’infiltration. Cet incident est d’ailleurs évoqué dans Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux

Charles Garnier a tenu à superviser toute la conception du bâtiment, et a choisi lui-même les 73 sculpteurs - dont Jean-Baptiste Carpeaux qui fera scandale avec La danse - et 14 peintres ainsi que les mosaïstes qui ont participé à la décoration. L’architecte devra ajouter un attique non prévu à l’origine. Il réunira dix-huit artistes pour créer le décor sculpté, soit presque tous les Grands Prix de Rome et de nombreux second prix, de 1836 à 1889. Garnier dira:
" J’ai gagné la bataille comme la gagne un général, c’est à dire avec une armée d’officiers et de soldats, et mon armée à moi était si bien composée que je crois que tous mes soldats étaient au moins des colonels! Vous voyez que cela me rendait la tache plus facile, car c’étaient des colonels de bonne volonté qui ne discutaient pas , mais qui exécutaient à merveille."

Jacques Léonard Maillet, qui avait remporté le prix de Rome un an avant Charles Garnier, sera parmi les élus et réalisera les 4 statues en haut-relief situées en partie supérieure de la facade (2 figures ailées encadrant un écusson soutenu par un petit génie). La lettre "E" présente sur ces statues est l’initiale de l’impératrice Eugénie ou l’initiale du mot "Empereur" et la lettre "N" présente sur les bas reliefs qui les encadrent est l’initiale de l’empereur Napoléon III.

"Vous pouvez donc distinguer quatre groupes en haut relief réalisés par notre ami Jacques Maillet. De chaque côté du médaillon, des femmes ailées, l’une tenant un flambeau, l’autre tenant une trompette et une palme portent le " E " d’Eugénie. Les motifs sont répétés quatre fois, chaque figure féminine étant reproduite alternativement à gauche et à droite du médaillon central"

Charles Garnier ne fût pas complètement satisfait du résultat, il reconnu la qualité d’exécution du travail demandé mais regretta de n’avoir pas mieux exprimé son cahier des charges. Il commenta en 1866:
"Bien que le style adopté par M. Maillet ait une couleur renaissance qui s’éloigne un peu du caractère de l’édifice, je ne saurais trop me louer de la gracieuse composition de ses groupes, qui sont étudiés avec un grand talent."

Il eût encore plus de déboires avec son ami Jean-Baptiste Carpeaux qu’il surnommait affectueusement "La terreur des architectes" et qui ne tint aucun compte du cahier des charges établi, proposant une première ébauche sans aucun rapport ni avec le programme ni avec le sujet, allant ensuite jusqu’ à ajouter un personnage chaque jour à son groupe La Danse (jusqu’à 17 figures !). Garnier refusa et transigea finalement sur 9 figures, estimant le modèle "superbe".

Juste à côté,le Grand hôtel fût construit en 1867 pour l’Exposition universelle, en même temps que la façade de l’opéra.

La façade de l’Opéra avait été inaugurée en 1867 lors de l’Exposition universelle, et le groupe de Carpeaux : "La Danse" en 1869, mais l’effondrement de l’empire, cette période détestée, et la construction coûteuse de l’Opéra vont retarder considérablement les travaux et les remettre en question. C’est l’incendie ravageant la salle Le Peletier en 1873 qui détermine la reprise des travaux. Durant la Commune (1871), ses salles servirent de prison et d’entrepôts. Ce n’est que le 5 janvier 1875 qu’il fut inauguré en présence du président de la République, Mac Mahon. Charles Garnier, son architecte, ancien protégé de Napoléon III ne fût pas invité à l’inauguration. Il y assista tout de même, mais en payant sa loge !



Quelques dates:

  • 29/12/1860: décret impérial déclarant d’utilité publique la construction d’une nouvelle salle d’opéra. Ouverture du concours.
  • 21/07/1862: pose de la première pierre par le comte Walewski.
  • 15/08/1867: dévoilement de la facade à l’occasion de la fète de l’empereur et de l’exposition universelle.
  • 15/08/1869: dévoilement de La Dansede Carpeaux.
  • 28/08/1869: La Danseest maculée par une bouteille d’encre.
  • Fin 1869: arrêté ministériel ordonnant le déplacement de La Danse et son installation à l’intérieur du batiment.
  • 1870/1871: interruption des travaux pendant la guerre et le siège de Paris. Le nouvel opéra est transformé en magasin.
  • 28/10/1873: incendie de la salle d’opéra provisoire rue Le Peletier.
  • 05/01/1875: inauguration de la salle du nouvel opéra
  • 01/01/1887: éclairage électrique de l’ensemble de l’opéra.

Quelques chiffres:

  • Surface : 11 237 m
  • Longueur : 173 m
  • Largeur maximale : 125 m
  • Hauteur du fond de la cuve à la lyre d’Apollon : 73,60 m
  • Grand Escalier : 30 m de hauteur
  • Grand Foyer : 18 m de hauteur, 54 m de longueur, 13 m de largeur
  • Salle : 20 m de hauteur, 32 m de profondeur, 31 m de largeur maximale
  • Poids du lustre : 8 tonnes
  • Scène : 60 m de hauteur, dont 45 m de cintres et 15 m de dessous, 27 m de profondeur, 48,5 m de largeur pour 16 m d’ouverture de cadre

Bibliographie:

- L’opéra de Charles Garnier (G. FONTAINE - éditions du patrimoine)

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